agile+method ? wrong so wrong

You said « agile method »? « agile methods »?

When the adjective « agile » is added to the name « method », often in the plural but also in the singular, it starts badly, we can already ask questions about the person who used such a formula. And yet, do the test by searching for « agile method » in Google … We end up with thousands of occurrences : articles, blogs, posts, white papers, tweets, corporate sites and so on.

The explicit reference to « the agile method » can be found even in the labels of job offers: the formula is thus present in 1059 position names on the French job board indeed.fr accessed today April 2nd 2017 !

For years, agile seems to have the wind in its sails, not a software editor, not an French SSII (forgive an ESN ..), not an CTO escape. To the question « are you agile? « , any person involved in the creation and/or deployment of business software or websites, whether client or service provider, must answer « yes of course! »

Today, everyone is agile, claims to be or at least committed to become one. Agile has become a slogan, everyone has to « be », at the risk of being nerdy, supreme infamy synonymous with professional death.

The word agile is very practical: it is loaded with positive values that nobody can deny. Being agile means being quick, responsive, listening to the « real » needs-creator-of-value. To be agile is to give ourselves the means to « get out » projects. What a dream ! Who today can afford not to claim such values in his professional practice?

The big problem is that « the agile method » … .. does not exist. The agile manifesto (2001) does not refer to the notion of methods, neither method. For fifteen years, the term agile has been diverted, mistreated, mingled and now finds itself emptied of its meaning when it has never been used and relayed. This is in the interest of an entire ecosystem because, in front of a concept that makes the buzz but blurry and catchy, there will always be a consultant or a coach willing to sell you a few days of service to help you see more clearly, paying conference where you need to be, a book or software to buy.

Dave Thomas, one of the signatories of the agile manifesto, expressed it particularly well in his article Agile is dead in March 2014

Once the Manifesto became popular, the word agile became a magnet for anyone with points to espouse, hours to bill, or products to sell. It became a marketing term, co-opted to improve sales in the same way that words like eco and natural are. A word that is abused in this way becomes useless-it stops having meaning as it transitions into a brand.

It is because the very term « method » is super practical: it simplifies, gives hope, allows to glimpse a solution to its problems without too much effort! Before projects exceeded budget and delays and the customer was not satisfied with the product delivered, but that was before ! With « the agile method », all this will soon be a bad memory.

A « method » is simple, fast, everyone understands, everyone can get there. Like a recipe, just follow the instructions to get a result, it can not be missed.

Take 1 minute to search Google : there are thousands of « methods » in all fields, all are ridiculous and ineffective.

Seduce women ? (even if you’re ugly and boring)

Make money ? (without working)

Lose weight ? (not changing anything to eating habits)

The « agile method » does not exist. Let us begin by abandoning the use of this formula.

Agile is not a method, it is a general framework of dozens of components. Each of them taken alone leads to nothing. They have to be combined to be adapted to a context, an history, a culture.

Moins on est agile et plus on le revendique … et réciproquement

Discussion entre décideurs
 »
– alors comment ça se passe pour toi ?
– je viens de découvrir un truc top, je suis allé chercher cela aux USA. Avant, j’avais du mal à gérer ma boite, entre les clients qu’il faut relancer 10 fois pour être payé, les salariés compétents qui se barrent dès qu’on leur propose 100€ de plus ailleurs, les start up sorties de nulle part qui veulent tout bouffer, je ne savais plus où donner de la tête. Mais j’ai redressé la barre.
– ça a l’air super !
– ça s’appelle la « méthode management »
– oui oui, cette méthode c’est la planification, l’organisation, la direction et le contrôle d’une organisation afin qu’elle atteigne ses objectifs.
-intéressant ! et penses tu que cela puisse aussi m’aider ?
-bien sûr, après avoir lu deux livres de référence et suivi une formation certifiante de « master manager », tu seras prêt à appliquer la méthode : il suffira de dérouler la check list.
 »

Discussion surréaliste et absolument ridicule non ?

Pourtant, remplacez le terme « management » par celui « d’agilité »: la discussion se rapproche de choses déjà entendues !

L’expression « méthode agile » et tous ses dérivés est désormais utilisée de façon totalement désordonnée. Toute personne cherchant un job dans le secteur du « numérique » se voit obliger de répondre à la question « savez vous travailler selon la méthode agile ? » mais la majorité des personnes qui pose cette question, à fortiori s’ils sont commerciaux ou RH, sont bien en peine d’expliquer eux mêmes de façon claire et synthétique ce que cela signifie (alors il se rassurent en passant à la seconde question : êtes vous certifiés ? ).
Quand une expression devient tellement galvaudée et déformée, au point de décrédibiliser tous ceux qui l’emploient (« ah ouais, vous aussi vous faites de l’agile ? On a essayé mais ça ne marche pas chez nous .. et puis vous savez les modes, ça va, ça vient… ») , quelle réaction avoir ? Certains sont radicaux et décrètent que #Agileisdead. OK peut être,  mais après on fait quoi ? on revient au waterfall ?

Les plus grosses SSII se sont attribuées sur le tard le terme d' »agilité », poussées par le marché et non de réelles convictions. Elles font face à des difficultés  car il s’agit pour elle de chambouler leur modèle d’affaire historique et surtout transformer ce qui constitue le socle de toute entreprise  : sa culture. Elles ont du budget et sont dirigées par des gens intelligents qui savent faire du business, alors elles mettent le paquet, communiquent à tout va, publient des livres blancs, sponsorisent des conférences, organisent des-petits-déjeuner-retours-d’expérience, rajoutent l’adjectif « agile » dans toutes les propal. Un seul objectif : ne pas apparaître disrupté, convaincre le marché qu’elles sont au cœur de l’innovation. Il est intéressant par exemple de filtrer sur le mot clé « agile » les offres d’emplois publiées par les entités consulting de SSII d’importance: des dizaines d’offres sortent, parfois avec des intitulés comiques qui en disent long (par exemple « chef de projet agile/scrum master », « AMOA agile » ou pire « chef de projet MOE agile/product owner »).

A l’inverse, en faisant le même exercice sur les sites de boîtes précurseurs des « pratiques agiles » en France, de celles qui se sont créées from scratch (souvent par des gens passées au préalable par de grosses SSII) portées par une vision de « faire du logiciel autrement », de celles qui depuis plus de 10 ans envoient des speakers dans les conférences, écrivent des livres devenus des références, alimentent des blogs aux contenus très riches (je pense entre autres à OCTO, SOAT, XEBIA), le terme « agile » y apparaît très peu utilisé alors que tout ce qu’elles « font » pourrait y être relié. Ainsi, sur ses pages Notre mission Ce que nous faisons | Comment nous le faisons et Nous rejoindre, OCTO ne mentionne PAS UNE SEULE FOIS le terme »agile » alors que s’il y bien un endroit où on s’attendait à le trouver, c’est bien là. Est-ce un hasard ou un oubli ? Sûrement pas.

Alors comment savoir si un individu ou une organisation sait de quoi il parle en matière « d’agilité » ?
– Quand cette expression n’est plus utilisée !
Un indicateur parmi tant d’autres  mais qui a l’avantage d’être simple !

Economie numérique : « En France, on ne parle que de restaurer le passé… »

il faut lire cette interview, vraiment, de Nicolas Colin parue en juillet 2016 dans l’Obs

 

Le passage du fordisme au monde de l’internet provoque les mêmes tensions que la mutation économique de l’entre-deux-guerres, marquée par la montée des fascismes, estime Nicolas Colin, fondateur de la société TheFamily et spécialiste du numérique.

Nicolas Colin est coauteur du rapport Colin et Collin sur la fiscalité du numérique. Entretien.

Vous qualifiez le vote des Britanniques en faveur du Brexit de « moment Polanyi pour l’Europe ». Qu’est-ce qu’un « moment Polanyi » ?

Karl Polanyi est un économiste américain d’origine hongroise, spécialisé dans l’économie politique – c’est-à-dire les relations entre le système économique (la production et la consommation) et le système politique. Sa principale œuvre, « la Grande Transformation », est parue en 1944 aux Etats-Unis, plusieurs années après sa fuite d’Europe face à la menace nazie. Il y décrit le passage de l’économie du XIXe siècle (marquée par le système de l’étalon-or, le libre-échange et l’artisanat) au fordisme, dominé par de grandes entreprises industrielles, avec ses tensions et ses lourdes conséquences politiques : la montée du fascisme et la guerre.

Un « moment Polanyi » est une phase où l’on passe d’un paradigme économique à un autre sans avoir les bonnes institutions. C’est un moment où l’on tâtonne pour trouver une organisation acceptable, où les tensions sont très fortes entre ceux qui s’acharnent à restaurer l’ordre ancien et ceux qui réalisent que le monde a changé. On peut observer un certain nombre de signes, comme l’effondrement des institutions de l’économie internationale ou la montée du fascisme.

Comment cette grille de lecture explique-t-elle le vote britannique en faveur du Brexit ?

L’Union européenne est un pilier fondamental de l’économie fordiste de la seconde moitié du XXe siècle : elle a permis d’ancrer le libre-échange à l’échelle de tout le continent européen et de le doubler d’un dialogue politique sur les institutions (fonctionnement des marchés financiers, du marché des biens et services, de la protection sociale).

Mais aujourd’hui, dans la transition que nous vivons – celle de l’économie fordiste vers l’économie numérique –, elle ne nous protège plus. L’Union européenne est aussi impuissante face au nouveau paradigme que l’étalon-or et le libre-échange au début du XXe siècle. Elle ne peut rien face à la peur pour les emplois qui disparaissent, la peur de la précarité pour les travailleurs, la peur des plateformes comme Uber ou Amazon.

Tout cela ressemble aux inquiétudes et à la souffrance qu’infligeait la transition vers le fordisme avant qu’il ne se dote des bonnes institutions, après la Seconde Guerre mondiale. D’où le vote en faveur du Brexit.

N’est-ce pas la mondialisation plus que la révolution numérique qui provoque le désarroi des électeurs ?

La mondialisation, celle qui nous a occupés des années 1970 jusqu’en 2008, je la lis comme un effort acharné des élites du XXe siècle pour essayer de garder l’ancienne économie à flot en actionnant puissamment le levier financier. On a, par exemple, cherché à maintenir la consommation de masse, pilier de l’économie fordiste, en faisant baisser le prix des produits par la délocalisation des chaînes de production.

La crise de 2008, de ce point de vue, est un basculement : c’est le moment où tous les leviers anciens deviennent inopérants et où les entreprises comme les ménages commencent à fuir massivement l’économie fordiste pour aller vers l’économie numérique. Après cette crise, les gens se disent qu’ils ne peuvent plus rester dans le paradigme ancien. Ils s’en remettent à de nouveaux acteurs, qui permettent par exemple de partager les ressources existantes plutôt que d’être tous propriétaires (Airbnb, LeBonCoin, BlaBlaCar, Drivy).

Le phénomène Trump est-il un autre « moment Polanyi » ?

Oui, bien sûr. Toute cette tension politique, dans tous les pays du monde, rappelle ce qui s’est passé dans les années 1930. Le fascisme est apparu un peu partout au même moment, sous des formes diverses, comme une réaction uniforme de la société à l’inadaptation des institutions. Quand les individus ne sont plus couverts contre les excès de l’économie de marché, ils éprouvent la tentation du fascisme.

Le fascisme, c’est la passion de la restauration d’un ordre ancien et d’une prospérité mythique. C’est le dépassement du clivage gauche-droite. Et c’est la tentation autoritaire face aux limites apparentes des régimes démocratiques. Nous y sommes. Tout le monde rêve d’un retour aux Trente Glorieuses (voyez le slogan « Make America great again ! » de Trump).

Donald Trump est-il fasciste ?

Le clivage gauche-droite n’existe presque plus. Et un discours autoritaire s’impose de plus en plus dans le débat public, pas seulement de la part de l’extrême droite – chacun à sa manière, Nicolas Sarkozy comme Manuel Valls, entre autres, fait écho à cette « demande d’autorité » qui accompagne la montée du fascisme.

Comment définir de nouvelles institutions, plus protectrices à l’heure du numérique et de la mondialisation ?

On peut facilement écrire ou dessiner sur un papier ce que serait l’édifice institutionnel d’une économie numérique plus soutenable et inclusive. Il faut, par exemple, découpler la couverture sociale et le contrat de travail pour accompagner des parcours professionnels de plus en plus intermittents et accidentés, dans lesquels on va souvent cumuler plusieurs statuts d’emploi au même moment.

Il faut aussi mettre en place de nouveaux régimes d’assurances sociales pour couvrir des risques de plus en plus critiques dans l’économie numérique, comme celui de ne pas pouvoir se loger dans les grandes villes à un prix abordable.

Mais pour passer de l’idée sur le papier à une institution pérenne, il faut un rapport de force souvent très dur. La protection sociale, nous la devons au mouvement ouvrier. On ne parle pas d’intellectuels qui publiaient des articles et parlaient dans des conférences ni d’entrepreneurs créant de nouvelles applications, mais de militants qui se sont mobilisés, ont établi un rapport de force avec les patrons et ont tout sacrifié pour cette conquête, parfois jusqu’à leur vie.

Ce que revendiquait le mouvement ouvrier n’était pas la restauration de l’ordre ancien, mais au contraire la mise en place d’institutions nouvelles. Parce que l’économie fordiste était nouvelle, qu’elle exposait les individus à des risques inédits, il fallait innover – et, pour forcer cette innovation, il a fallu la mobilisation du mouvement ouvrier.

Cela peut être très long : entre la création des premières sociétés de secours mutuel après la Révolution française et la généralisation de la protection sociale à toute la population après la Libération, il s’est écoulé… plus d’un siècle et demi ! Voilà comment naissent les institutions : au terme d’une conquête très dure dans laquelle rien n’est acquis d’avance.

Qui sont aujourd’hui les défenseurs potentiels de ces nouvelles institutions ? Qui incarne l’équivalent numérique du mouvement ouvrier ?

L’équivalent du mouvement ouvrier et du socialisme aujourd’hui, c’est une sorte de composition hétéroclite d’entrepreneurs et d’investisseurs qui innovent, d’organisations qui prennent conscience des mutations radicales dans le monde du travail et qui, plutôt que de dire « tout le monde doit être salarié en CDI pour trente ans », essaient d’accompagner les nouveaux travailleurs : voyez Switch Collective, OuiShare, la Freelancers Union aux Etats-Unis. TheFamily suit tout cela de très près.

Dans ce mouvement pro-transformation, on trouve des gens critiques qui disent : l’économie numérique a ses excès et ses dangers, mais plutôt que d’essayer vainement de la faire entrer dans d’anciennes cases, créons de nouvelles catégories qui permettent de corriger ces excès, de les tempérer et de rendre ce modèle soutenable et inclusif.

Aux Etats-Unis, Barack Obama, qui a une proximité très grande avec la Sillicon Valley, a compris cela. Pendant huit ans, il a essayé de projeter les Américains dans le futur en leur disant : ne rêvez pas, on ne va pas recréer tous les emplois dans les usines, mais on va créer d’autres emplois, notamment dans les services à la personne et, pour cela, il faut soutenir les entreprises numériques.

En Europe, les politiques comprennent moins bien ce qui se joue, car ils n’ont pas la même proximité avec les Google, Amazon, Uber… Ils se raccrochent davantage à l’ancien modèle, en essayant de restaurer les Trente Glorieuses. Depuis trente ans, en France, les campagnes électorales ne parlent que de restaurer le passé, pas de la transformation qui vient. C’est aussi ce que font Donald Trump et Bernie Sanders.

On va vous accuser d’être le porte-parole des Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) ou des richissimes investisseurs en capital-risque, qui ne pensent pas forcément au bien commun…

Chacun son boulot. Les entreprises créent de la valeur, qu’elles transforment en richesse et qu’elles distribuent aux différentes parties prenantes : les salariés, les actionnaires, les consommateurs. Les pouvoirs publics, eux, doivent mettre en place les institutions qui vont permettre de soutenir cette création de valeur et de mieux partager la richesse.

Aujourd’hui, il faut se méfier de deux impasses. La première consiste à dire aux entreprises comme Google : « Vous créez des problèmes, résolvez-les. » Ce n’est pas ça qui s’est passé dans l’histoire du fordisme ! Ford a imaginé la semaine de 40 heures, mais ce n’est pas lui qui a mis en place l’assurance-maladie universelle. Il a fallu pour cela un rapport de force.

La deuxième impasse serait de dire : « Nous allons régler les problèmes créés par l’économie numérique en faisant entrer les nouvelles activités numériques dans les anciennes cases prévues pour l’économie fordiste. » C’est ce qu’on fait aujourd’hui avec Uber ou Airbnb. Mais ça ne marchera pas non plus. Il faut travailler avec les acteurs de l’économie numérique pour trouver de nouveaux modes d’imposition, de nouvelles règles sociales, etc. Par exemple, il faut permettre aux chauffeurs Uber d’exercer un rapport de force avec Uber plutôt que d’avoir à se défendre contre les chauffeurs de taxi.

L’enjeu est de pouvoir dire aux grandes entreprises numériques : « Bienvenue en France, ici on a des institutions qui ont été conçues pour protéger les chauffeurs Uber, les armer dans leurs négociations avec vous, prélever les impôts sur la base de données collectées de manière régulière et systématique. » Si on accueille ces entreprises avec des institutions qui ne s’acharnent pas à restaurer l’ordre ancien, mais qui sont au contraire en phase avec leur modèle, elles se diront : « OK, ce sera plus cher d’opérer ici, mais au moins il n’y a pas de distorsion de marché et il y a de la croissance. »

La plupart des salariés travaillent toutefois encore pour l’économie traditionnelle…

C’est vrai que le numérique ne va pas faire disparaître les usines qui produisent des biens matériels. En revanche, il les repositionne dans les chaînes de valeur. Ceux qui se contentent de produire des biens n’auront, demain, qu’une part marginale de la valeur. A activité inchangée, et même à emplois inchangés, la valeur va se concentrer dans les entreprises numériques. Par exemple, quel sera le modèle des agriculteurs qui deviendront les fournisseurs d’Amazon plutôt que des groupes de distribution traditionnels qui ont grandi avec le fordisme ? Ils reprendront l’avantage seulement en se numérisant, en rapprochant la production des villes…

Veut-on interdire, verrouiller, attendre que d’autres pays s’organisent mieux que nous – ou au contraire anticiper, se former, monter dans le train ? Il faut réaliser que nous ne revivrons jamais l’âge d’or de l’économie fordiste, puisque cette économie tout entière est en train de disparaître. Il y aura peut-être un jour des classes moyennes de l’économie numérique, mais pour cela il faut d’abord faire deux choses : soutenir le développement de cette économie, puis mettre en place les institutions qui vont la rendre soutenable et inclusive.

Vous dites que, parmi les politiques, seul Emmanuel Macron semble comprendre ces sujets. Quel est son bilan en tant que ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique ?

L’élite française est particulièrement désolante : elle est malthusienne, et beaucoup de dirigeants politiques sont en fin de carrière. Ils ont acquis des réflexes dans les années 1980 et 1990 et ils sont restés bloqués là. Toute l’histoire du quinquennat de François Hollande, c’est ça : le pacte de compétitivité, ce sont des mesures dont tout le monde rêvait dans les années 1990 ; la loi Travail, quant à elle, cherche à résoudre le rapport de force entre patrons et syndicats des années 1980.

Quand les gens du numérique regardent ça, ils ne se sentent pas vraiment concernés. Ils ont l’impression qu’on solde les comptes du passé, pas que l’on prépare l’avenir. Dans le numérique, le sujet n’est pas le coût du travail et certainement pas les dispositions de la loi El Khomri, qui ne trouvent guère d’application concrète. Comment les élus ne voient-ils pas à quel point la vie de leurs électeurs a changé, que 30 millions de Français ont un compte Facebook, que 10 millions utilisent le site LeBonCoin ?

Dans ce paysage désolé, Macron sort du lot. Les entrepreneurs et les jeunes se disent : « Tiens, voilà quelqu’un qui parle du monde dans lequel je vis et pas du débat accord d’entreprise contre accord de branche. » Mais il n’est qu’un ministre parmi d’autres, de plus en plus bas dans l’ordre protocolaire du gouvernement. Il ne peut pas résoudre tous les problèmes à lui tout seul : tant que le président de la République et le Premier ministre restent tournés vers le passé, l’action d’un seul ministre ne va pas changer le destin de la France.

Les entrepreneurs sont-ils comme lui « ni à droite ni à gauche » ?

Pas moi en tout cas, je suis de gauche. Et je trouve qu’il devrait, au contraire, expliciter ce que sera le clivage gauche-droite après la révolution numérique. Malheureusement, il a opté pour un positionnement qui, à sa manière, fait le jeu du fascisme. Le fascisme, c’est l’effacement du clivage gauche-droite au nom du rétablissement de l’ordre ancien par des mesures autoritaires.

Tous ceux qui expliquent que, sous prétexte que l’économie change, il n’y a plus de clivage gauche-droite commettent une grave erreur stratégique : en l’absence de clivage, il est impossible d’établir les rapports de force qui vont permettre de mettre en place les bonnes institutions. Pour faire référence à l’histoire du fordisme, sans mouvement ouvrier (la gauche) et sans rapport de force avec les patrons (la droite), on n’aurait jamais mis en place la protection sociale !

Comment définissez-vous la gauche dans ce contexte ?

La gauche, c’est la redistribution permanente des opportunités et la couverture contre les risques critiques. La gauche, dans la « grande transformation », c’est le camp qui lutte contre la rente et veut couvrir les individus contre les risques auxquels ils sont exposés tout au long de leur vie. Obama soutient les entreprises numériques parce qu’il voit en elles un moyen de faire tomber les situations de rente héritées de l’économie fordiste. Mais il a aussi le souci, par exemple avec le nouveau système d’assurance-maladie, l’ »Obamacare », de mettre en place une protection sociale plus adaptée aux parcours de carrière de l’économie numérique.

A droite, les rares républicains tournés vers le futur sont, eux, d’accord pour faire jouer la concurrence afin que les entreprises numériques mettent à bas les entreprises vieillissantes ; en revanche ils sont farouchement opposés à l’instauration d’une protection sociale.

Pour moi, le clivage gauche-droite, à l’échelle d’un pays, c’est une question de protection sociale. Or personne n’en parle, pas même Emmanuel Macron. Chaque fois qu’il prend des positions fortes, il est toujours ramené à des débats du passé : il parle des 35 heures, de baisse des charges, de l’impôt sur la fortune, du statut de la fonction publique. Mais ce ne sont pas des débats de grande transformation. Il est temps de les dépasser et de faire enfin preuve d’imagination radicale.

Propos recueillis par Sophie Fay, avec Claire Doisy

« S’affranchir du cycle en V » « Agile canada dry » ou comment perdre 4 ans et 1.45 M€

Alors qu’elle était plaignante, la société d’assurance Macif vient d’être condamnée à payer à un éditeur de logiciel 1.45 millions d’euros pour la résiliation abusive d’un contrat d’intégration après plus de trois ans de procédure.
Un exemple de plus de transformation « agile » canada dry, qui trouve son origine dans des incompréhensions majeures maintes fois décrites (iciici ou ). Claironner que l’on « fait de l’agile » car il est prévu (dans un contrat !) de mettre en place un cycle de développement « itératif »mais tout en gardant toutes les rigidités d’une approche waterfall mène au désastre.

Petit rappel chronologique :
2012
*Mai : la Macif souhaite remplacer l’application informatique de gestion d’activités d’assurance jugée obsolète. Elle lance un appel d’offre, qu’un éditeur emporte.
*Juillet-Décembre : phase de cadrage réalisée par l’éditeur pour « préciser le périmètre fonctionnel »

[jusque là du très classique, tout va bien. Prendre 6 mois pour faire une « vraie » phase de cadrage est même plutôt bon signe à ce stade]

2013
*Février : signature d’un contrat d’intégration : une  annexe indique qu’une « méthodologie est convenue prévoyant des ateliers de conception itérative et progressive pour aboutir à la rédaction de spécifications fonctionnelles détaillées (SFD) devant être validées, phase préalable à leur transcription dans la solution logicielle ».

[aie aie aie ça commence à sentir mauvais : mettre en place des « ateliers de conception itérative et progressive » (ça c’est pour « faire agile ») mais qui ont pour finalité de livrer un document de spec détaillées figé et exhaustif (ça c’est « cycle en V« ) est pour le moins questionnable]

*Mars-Octobre : après de multiples retards et reports, la Macif met finalement en demeure l’éditeur de livrer « l’ensemble des spécifications fonctionnelles détaillées ». Celui-ci s’exécute mais considérant que l’éditeur n’avait pas respecté le délai imparti et que la livraison ne couvrait pas la moitié des besoins exprimés, la Macif résilie le contrat. 

[le crash : on imagine 8 mois d’échanges de mails menaçants, de conf call bien saignantes, de réunions « de la dernière chance » qui n’aboutissent à rien, pour finir par des lettres recommandées entre avocats. La conception collaborative « itérative et progressive » est décédée depuis longtemps. « L’application informatique de gestion d’activités d’assurance jugée obsolète » à remplacer est surement toujours là, les utilisateurs au mieux exaspérés, au pire résignés]

2016
*Juin : la Macif est finalement condamnée par le tribunal de commerce, à ses seuls torts. Dans la décision, le terme « agile » n’est pas directement cité mais un passage y fait référence en utilisant une formule savoureuse

« les parties se sont affranchies de la méthode du cycle en V« 

Tout le débat juridique a tourné sur la notion de spécification fonctionnelles détaillées (les fameuses SFD, un livrable typiquement estampillé cycle en V) et le fait de savoir à partir de quand elles sont suffisamment « détaillées » et « précises »: on imagine les crises de nerfs face à des débats sans fin : qui est vraiment responsable de les produire ? de les valider ? à quel moment ? à partir de quel degré de « précision » sont elles « valables »  ? comment et par qui est appréciée la notion de « validité », le degré de « précision » ?
Dans un mode cycle en V bien rigide, les réponses à ces questions sont à peu prêt claires (ce qui ne veut pas dire que ça fonctionne bien pour autant) mais en voulant plaquer des principes de « développement rapide » sans remettre en cause tout le reste et surtout sa culture de gestion de projet basé sur une stricte contractualisation, la Macif s’est complètement fourvoyée. Devant un tel flou, le tribunal a considéré que

la spécification des besoins a été effectuée à partir d’une méthodologie dite de développement rapide (RAD), basée sur une démarche itérative entre la maîtrise d’ouvrage et le maître d’oeuvre, impliquant que les concepteurs fonctionnels et les représentants des utilisateurs définissent ensemble l’application lors des ateliers de conception, et conduisant à ce que la configuration du progiciel se stabilise progressivement et continue à évoluer assez tardivement dans le projet

au final, la conclusion est limpide et implacable :

le défaut de qualité ne pouvant être exclusivement imputable à [l’éditeur] et l’absence de qualité des spécifications étant insuffisamment justifiée selon les différentes méthodologies suivies, le grief ne sera pas retenu contre lui.

Que retenir de cette triste affaire ?

*Les termes « itératif » et « progressif » sont surement devenu des gros mots à la Macif. Ceux qui ont trempé dedans sont partis ou placardisés, ceux qui restent sont tétanisés et plus personne n’ose proposer de remettre en cause le cycle en V. C’est toute la démarche « agile » qui s’en trouve décrédibilisée auprès du top management pour des années : quel dommage, quel gâchis.

*Comme l’indique un avocat

Les méthodes « agiles » de développement rebattent les cartes en cas de litiges informatiques. En effet, les responsabilités de chaque partie sont moins marquées, la collaboration constante rendant difficile l’imputation d’une action à l’une ou à l’autre.

Je rajouterais que « difficile » est un euphémisme, l’adjectif « impossible » me semble plus approprié. Au-delà, c’est donc surtout la notion même de contrat « au forfait » qu’il s’agit de questionner: vouloir « être plus agile » et continuer à exiger de ses prestataires un engagement au forfait (dans lequel on tente souvent de lui faire porter seul le risque) est antinomique.

*Vouloir être agile ET établir dès le début une relation de défiance véhiculé par un message négatif (« on a encore rien commencé mais je pense déjà que ça va mal se passer => je me protège par un contrat pour que ce soit l’Autre qui soit désigné comme responsable le jour où ça va (forcément) déraper ») fonctionnera très mal. Cela ne signifie pas qu’il ne faille rien contractualiser, mais plutôt d’inventer un autre mode de contractualisation.

*Gérer un projet en cycle en V n’est pas une mauvaise chose en soi, certains contextes s’y prêtent très bien ! Mais il s’agit d’être cohérent : soit on reste sur une méthodo cycle en V, on assume ses défauts et limites, on exige un engagement au forfait, on le contractualise. Soit on veut aller vers plus d’agilité, on sait pourquoi, mais dans ce cas, il faut remettre en cause aussi le pré requis « blinder ça dans un forfait sinon ce n’est pas sérieux ».

La thématique de la contractualisation agile est un sujet brûlant débattu depuis des années (ici, ici ou  par exemple), un modèle de contrat open source est même proposé depuis 2011 par Xebia , mais pourtant il encore très loin d’être épuisé. C’est certainement le point le plus complexe et difficile d’une transformation agile pour les organisations qui ont massivement sous traité leur IT depuis des décennies et dans lesquelles la culture du clivage MOA/MOE (qu’il s’agit précisément d’abandonner quand on souhaite aller vers plus d’agilité) est le plus ancrée. Il est intéressant de noter d’ailleurs que cette difficulté n’existe pas pour les géants du web qui eux ont privilégié dès leur création le build en interne, faisant d’eux des « agile natives ».

*L’enjeu numéro 1 d’une transformation agile n’est pas une question de méthode mais de changement d’état d’esprit et de culture : les 2 parties qui s’apprêtent à travailler ensemble sont elles prêtes à se faire (vraiment) confiance ? Un bon chef de projet, est ce celui qui va le mieux arriver à imputer les problèmes à son prestataire ?

 

 

 

J’ai testé le chariot connecté de Carrefour

Carrefour annonce le lancement du « chariot connecté« , du-moins en test dans son magasin d’Euralille ! Concrètement, il s’agit d’une tablette iPad clipsable sur un chariot, sur laquelle est installée l’application Promo C-où  permettant d’être géolocalisé et guidé vers les emplacements où se trouvent des produits en promo.

Comme j’habite à Lille et ai déjà l’habitude de faire mes courses dans ce magasin, je profite de mon samedi matin pour tester cette innovation. Je suis d’autant plus intéressé que la raison principale qui me fait continuer à « pousser mon chariot » (alors qu’une part de plus en plus importante de mon entourage voit cela comme une corvée et a basculé vers le drive) est précisément de pouvoir profiter des promo, si possible sans avoir à faire 5 fois le tour du magasin catalogue en main ! bref je suis pile dans la cible.

Je me présente à l’accueil et une charmante hôtesse me demande ma carte de fid (pour moi couplée avec la carte Pass), démarre la tablette et me log grâce à mon n° fidélité. Tout cela en moins de 3 minutes: super.

J’arrive dans l’allée centrale, la géolocalisation fonctionne bien, au mètre près, c’est bluffant. Mais par la suite, quelle déception :

  • l’application propose sur un tiers de l’écran des pubs, qui sont apparemment fonction du rayon dans lequel je me trouve mais qui ne sont pas ciblées : je déambule dans le rayon DPH et je me retrouve avec les protections Always « douce comme du coton »IMG_4603

 

et quelques mètres plus loin, Pampers alors que je n’achète plus de couches depuis des années. Pourtant je suis loggé avec ma carte de fid, que je possède depuis plus de 10 ans !  Je m’attendais à un ciblage beaucoup plus précis car depuis le temps, Carrefour a accumulé des tonnes de data sur moi et mes habitudes !

  • venons en au cœur de la promesse de l’appli : me guider vers les promos qui m’intéressent. Au fur et à mesure que je me ballade, la partie basse de l’écran m’indique les promos proches de moi, la liste est bien rafraîchie en temps réel, mais la majorité de ce qui est proposé ne m’intéresse pas, c’est un grand fouilli qui me propose des produits de catégories que je n’ai jamais achetées dans le passé. Il semble que l’appli se limite à proposer les promo à proximité mais sans recoupement avec mes habitudes d’achat, data pourtant accumulées depuis plus de 10 ans de courses !
  • Pire, alors que je suis dans l’allée centrale, et que de nombreux produits que j’achète très régulièrement (shampoing, gel douche, déodorant..) sont en promo, l’appli ne me les signale pas !
  • Je découvre à ce moment là qu’il est possible d’afficher les produits du « cata » du moment, de sélectionner celui qui m’intéresse et de me faire guider pour le « trouver ». Super, je repère le pur jus d’orange Tropicana en promo, je me dis que je vais me faire plaisir car d’habitude je prends la MDD moins chère. et là patatra, la fonction « géolocaliser le produit » n’est pas active ! Visiblement, celui-ci est en rupture. Mais il a été prévu un bouton dans l’appli pour le signaler (c’est le client qui fait le boulot du chef de rayon ?!). J’aurais préféré une fonction « prenez une autre produit équivalent et on vous le fera au prix du cata ». Bon, j’ai quand même acheté le jus d’orange de MDD….

Au final, je n’ai plus regardé l’écran de la tablette les dernières 20 minutes de course, revenu à mon ancienne méthode de détection des promo : le cata et le panneau des têtes de gondole. J’ai comme d’habitude acheté beaucoup de produits en promo, mais aucun suite aux guidages de l’appli.

enseignement supérieur : la révolution en marche

Février 2025
Ma fille vient d’avoir 18 ans, elle s’apprête à quitter le lycée et pour l’année prochaine, elle n’est inscrite dans aucun établissement. Non pas qu’elle n’ait pas de projet, bien au contraire, son problème est plutôt de déterminer à quelles sessions de formations elle souhaite participer: Finance à Harvard ? Marketing à HEC ? Développement logiciel à Université Nationale de Séoul ? Géopolitique à Sciences Po ? Data science à Columbia ? Modern History à Cambridge ? Tout à la fois ?! car tout est devenu possible ! Les formations disponibles de tous types (xMOOC, cMOOC, tutorials,  e-book, academy) se comptent par centaines de milliers, sur des dizaines de plateformes dont certaines sont devenues des géants mondiaux (coursera, udacityedX, khan academy, class-central, France Université Numérique FUN, livementorOpenClassrooms.com, udemy, wiziq, lynda, canvas, tuto.com, novoEd). Pour mieux les choisir, des sites les référencent (class central), d’autres permettent de consulter les évaluations de participants aux sessions antérieures (coursetalk).

Un ordinateur, un accès réseau : c’est tout ce dont elle a besoin pour se construire un programme “à la carte”, contournant les très coûteux parcours classiques élaborés par universités et grandes écoles. Son objectif: apprendre en ligne, participer à des travaux de groupe mixant des argentins, marocains ou thaïlandais, valoriser son CV d’une collection d’enseignements prestigieux certifiés par des grands noms devenus des “marques” mondiales, à même de rassurer un recruteur ou un investisseur.
Le développement des MOOC, et plus généralement des formations en ligne, tutorat, tutoriels …. combiné à la hausse continue des frais d’inscription l’a amené à un conclusion simple : il est possible de se construire un parcours de formation par soi même en faisant totalement l’impasse sur les cursus académiques traditionnels.
Au milieu des années 2010, quelques hors-la-loi prenaient une année sabbatique pour se former uniquement en ligne (Jonathan Haber raconta une telle expérience sur son blog one year BA) mais cela restait à l’époque ultra marginal et était plus vu comme une performance artistique ! Depuis l’offre s’est développée tout azimut ! Nourris originellement de quelques illusions sur l’éducation gratuite pour tous partout et tout le temps, les MOOC ont vu émerger et s’affiner des modèles économiques viables.
Il faut dire que depuis 10 ans, le paysage de l’enseignement supérieur français à été totalement chamboulé : les 2/3 des écoles de gestion françaises ont disparu, au mieux absorbées par une autre mieux classée, au pire en faillite. En 2016, on dénombrait en France encore plus de 200 établissements se qualifiant « école de commerce », moins de la moitié délivrant des diplômes visés par l’Etat. Les 15 plus prestigieuses ont survécu à coup de fusion et d’internationalisation, certaines ont du leur survie à un positionnement sur une niche sectorielle ou géographique, les autres n’ont pas su se sortir d’un cercle vicieux devenu mortel : moins d’attractivité -> moins d’étudiants -> moins de moyens -> plus de frais d’inscription -> moins d’attractivité . Elles n’ont jamais su quoi répondre à l’étudiant (et ses parents !) qui l’interpellaient sur le thème « pourquoi payer +5000 euros par an pendant 3 ou 5 ans pour obtenir un diplôme d’une « petite » école alors que le savoir est devenu une commodité et que je peux me former moi même aussi bien pour un investissement 100 fois moindre ? »

Janvier 2016
totale fiction ?

La transformation numérique est en train de considérablement modifier la façon même de concevoir l’apprentissage, et nous n’avons encore rien vu. Le modèle traditionnel normatif (structuration par classe d’age, programmes officiels, sélection par les maths, apprentissage devant se limiter aux 25 premiers années de la vie (après on travaille !)) …) est remis en cause de toute part. Personne ne peut savoir où nous en serons dans 10 ans mais ce qui est certain, c’est qu’il va y avoir beaucoup de changements, à une vitesse folle, des gagnants, des perdants…

sujet passionnant !

*2 exemples :
>Thiel fellowship: Peter Thiel (désormais riche après avoir été un des fondateurs d’Ebay et le premier investisseur externe dans Facebook) propose des bourses de 100 000 $ non pas pour financer des études dans une grande université américaine (comme cela se fait depuis 100 ans) mais pour … inciter des étudiants brillants à quitter l’enseignement supérieur pour « créer de nouvelles choses »
>Ecole 42 : Xavier Niel (qui a fait fortune en créant ILIADE, société mère de FREE) propose de former en France des développeurs, dans une école gratuite, à la pédagogie jamais vue jusqu’alors et ce dans un établissement qui ne délivre pas de diplôme et n’est pas reconnu par l’Etat.

Dans les 2 cas : de telles initiatives interpellent ! il y a ne serait ce que 5 ou 6 ans, il y aurait eu peu de chance qu’elles soient prises au sérieux. Leur succès montrent que ça bouge, et vite !

En apprendre plus ?
*Intervention d’Oussama Amar Les barbares attaquent l’éducation
*Intervention de Nicolas Colin et Oussama Amar Les barbares attaquent l’éducation nationale
*Blog de Matthieu Cisel La révolution MOOC

 

 

innovation, idée, problème

J’ai découvert récemment Oussama Ammar, en visionnant quelques unes de ces interventions publiques disponibles sur youtube. Sacré personnage qu’Oussama ! Développeur dans son adolescence, multi entrepreneur en France, aux USA, il abandonne le métier d’entrepreneur (pour lequel il a (sic) « toujours perdu de l’argent ») pour celui d’investisseur (pour lequel il a (sic) « toujours gagné de l’argent) pour créer début 2013 avec 2 autres associés (Alice Zagury et Nicolas Colin) la société The Family pour faire du financement et de l’accompagnement de start up . Au-dela du volet financement, ils proposent des actions de formations et d’éducation, dans un but de promotion de l’entrepreneuriat numérique au sens large, en utilisant la métaphore des invasions barbares.
Les barbares, ce sont ces nouveaux entrants qui débarquent de nulle part et renversent la table autour de laquelle étaient installés (parfois confortablement) depuis des décennies des acteurs « historiques ». Ils appuient leur offensive en s’appuyant sur des innovations de rupture et surtout une capacité à réfléchir différemment sur ce qui constitue une chaîne de valeur.
L’invasion barbare a impacté dans un premier temps les secteurs de l’économie immatérielle (musique, film,  billet d’avion, vente par correspondance…) mais désormais il n’existe pas un secteur d’activité qui ne soit concerné, et pour le montrer, il a été conçu et animé une quarantaine de conférences, données sur les années 2013 et 2014. D’abord axé sur des secteurs (la santé, le consulting, le retail, le luxe…), le propos a été élargi a des fonctions de l’entreprise (la DSI, les RH…) puis à des thèmes plus généraux (la démocratie, le dialogue social …)

Je le dis tout net, je suis tombé fan.  La capacité d’Oussama à jongler entre concepts théoriques, exemples et anecdotes est assez bluffante, adossé à un talent d’orateur certain.

Des centaines d’éléments passionnants émergent de ces conf, j’en garde une: mettre en place un produit ou service innovant, ça ne part pas d’une idée mais de l’analyse d’un problème. La seule question à se poser est « en quoi mon idée résout un problème ». Une idée peut être géniale mais si elle ne résout le problème de personne, elle ne pourra donner lieu à une innovation.

Star Wars ou la folie des objets dérivés- Star Wars sucks

petite visite cette après midi dans une grande librairie. Bientôt Noël, bientôt la sortie du prochain film : dès la porte passée,  la folie du merchandising Star Wars est là.
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et même « philosophie magazine » s’oblige à un dossier spécial !20151111_162503417_iOS

Près de 35 ans qu’on nous bassine avec ça, et ce n’est pas prêt de s’arrêter avec le rachat de la franchise par Disney, grand expert en objets dérivés.
9 milliards de revenus, 2 fois plus que ceux des films, c’est du sérieux

Cette folie a donné lieu à quelques extravagances rassemblées sur cette page
Je ne peux m’empêcher d’en rajouter une, vue cette après midi
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Larousse, oui l’éditeur d’encyclopédies et du dictionnaire du même nom, nous propose d’acheter une pelote de laine pour confectionner au crochet un bonnet de yoda pour faire de « notre bébé un grand maître Jedi »

décidemment Star Wars sucks